Le vent s’était levé sur cette journée froide et humide. Il avait eu de la pluie durant toute la semaine, mais enfin les raillons du soleil se voyaient à travers les nuages. La chasse avait été fructueuse pendant cette période de pluie. Deux groupes de lycans avaient attaqués des villages des alentours. Avec un groupe de 5 rangers, Keral avait réussi à tous les tuer. Ils conservaient toujours la viande de ces créatures, même s’il avait un semblant humanoïde, ils n’étaient que des animaux primitifs qui gardaient les même coutumes que leur cousins, les loups. Ils n’avaient jamais compris que de rentrer dans la forêt en petits groupes n’étaient qu’un suicide déguisé par un fanatisme animal. Les archidruides étaient la cause des attaques, ils enseignaient un sentiment de respect et de peur envers les Glamredhels, mais aussi de la haine. Ils convoitaient encore la forêt qui cachait en elle beaucoup de gibier qui semblait si rare après le cataclysme. Mais maintenant ces fanatiques étaient ce qui nourrissait beaucoup les elfes de la Forêt de l’Aube. Keral traînait une carcasse de lycan des le tanneur qui achèterait la fourrure pour peut-être quelques pièces, il échangerait une partie de la viande pour des légumes et des œufs. Il pourrait alors s’acheter de nouvelles flèches et se nourrir adéquatement.
Keral vivait une existence de subsistance. Lorsqu’il était au village, il se levait très tôt et quittait sa petite maison faîte de paille et de bois pour aller chasser des fois jusqu’à 3 jours sans revenir. Personne n’avait jamais eu peur qu’il ne revienne sain et sauf. C’était le plus grand guerrier et le plus grand ranger du village et certains disaient même de tout son peuple. Des bardes chantaient des chansons sur lui dans son village, mais ses exploits n’allaient pas plus loin. Il n’avait jamais voyagé. Sa vie se passait dans une région de 50 km² dans la forêt. Il priait à Veltanus comme le faisait la majorité des rangers et offrait le sacrifice nécessaire à chaque solstice d’hiver.
Ce jour-là une réunion eu lieu dans le village, Keral fut averti mais pas invité, de toute façon il ne prononçait que deux ou trois mois durant la majorité des réunions. Lorsque les membres du conseil ressortirent, Keral fut appelé à la place centrale du village. Le chef du conseil était un vieil elf de plus de 500 ans. Il était très grand mais était assez mince pour un Glamredhel, ses yeux étaient d’un rouge de rubis et ses cheveux blancs lui descendaient jusqu’au milieu du dos, une barbe blanche cachait son cou. Il avait un grand bâton de chêne et portait de longues robes vertes. Il était l’un des plus grand druides de leur peuple et était respecté partout où il allait dans la forêt.
«Keral Rhedek! Aujourd’hui le conseil a pris une grande décision! Nous avons tenté bien des fois de te convaincre de partir trouver qui tu étais vraiment, mais tu es toujours resté ici.
-Je suis Keral Rhedek et je vis dans ce village, répondit Keral avec un calme spécial.
-C’est cela que tu nous as répondu à chaque fois, nous savons que tu aimes cette vie, mais Veltanus ne t’as pas fait un des plus grands rangers que j’ai vu de ma vie pour que tu restes dans un petit village de cette forêt. De toute façon ce ne serait pas la bonne vie pour toi. Aucun de nous ne sait et ne veut savoir pourquoi tu ne t’es pas encore marié. Tu es la personne la plus utile et la plus brave de cette région, mais nous ne pouvons plus te regarder gaspiller ta vie. Tu as été choisis par Veltanus pour nous aider à combattre les lycans où peut-être te réserve-t-il une tâche bien plus importante.
-Je préfères rester ici, cela est mon choix.
-Plus maintenant. Nous avons trouvé un moyen de t’en obliger, Keral ne prend pas ceci comme une insulte, nous faisons cela pour toi, même si tu ne peux pas le voir encore. À partir de maintenant, tu es officiellement banni de ce village. Et si tu essayes d’aller vivre dans un autre village, ils nous écouteront et feront pareil. Tu n’as pas le choix, demain à l’aube tu dois avoir quitté la Forêt de l’Aube. Tu ne seras plus accueilli ici en ami jusqu’à ce que tu reviennes en héros. Ce jour-là nous serons tous là pour acclamer tes réussites.
-Très bien, répondit Keral d’une voix neutre et sans émotion, j’aimerais vendre ma maison et toutes mes possessions sauf mon arc, mon épée, mon cor de chasse et quelques outils.
Tout le monde regarda le ranger quitter la place centrale se dirigeant vers sa maison où il allait ramasser des vivres. Le vieux ne pu empêcher une larme qui coula le long de sa joue.
-Si tu ne sais pas où aller, demande à Veltanus, il saura où t’envoyer.
Dans son regard on pouvait distinguer la fierté qu’avait le vieux. Il savait que bien qu’il n’était pas heureux, il n’était pas non plus triste.
Keral ne perdit pas de temps à faire des au revoir, il saluait bien ceux qui venaient le voir partir, mais ne prenait pas la peine d’aller saluer ces amis les plus proches ou ses voisins. Il ramassa le nécessaire, vendit le reste pour une bourse de quelques pièces d’or et quitta le village. Il savait qu’il ne savait pas où aller. Il prenait tout ce qui lui arrivait très calmement. Une personne ordinaire aurait déjà brisé son propre poignet contre un arbre pour dégager sa frustration, pas Keral.
Un bruit éveilla ses sens et après une demi seconde de réflexion il escalada un arbre le plus silencieusement possible. Il distingua ce qu’il avait entendu, deux lycans qui semblaient se diriger vers la côte s’avançaient tranquillement entre les arbres. L’un d’entre eux avait une flèche plantée dans la clavicule et marchait plus lentement que l’autre, leur groupe avait dû être tués par des rangers. Il prit son arc et encocha une flèche, il ferma les yeux et détermina la direction et la vitesse du vent. Il fixa sa cible et ajusta en fonction de la distance. La flèche vint se planter dans le bas de la gorge du lycan, juste au dessus du sternum mais en dessous des cordes vocales. La bête ne poussa pas de cri et s’effondra, s’étouffant sur son sang. Le deuxième fut aussitôt alarmé, mais il n’eut pas à chercher le ranger longtemps, Keral était descendu de l’arbre et s’avançait lentement tout en dégainant sa longue épée de fer. Le lycan chargea l’elfe et essaya de lui arracher le visage d’un coup de griffe, mais Keral avait déjà prévu la parade et enchaîna avec une riposte au flanc découvert de la créature. Celle-ci ne réussi pas à l’éviter et s’effondra enroulant tout en criant de douleur. L’elf s’était remis en garde et attendait la prochaine action du lycan. Celui-ci se releva péniblement et chargea de nouveau, cette fois-ci essayant de plaquer son adversaire contre un arbre, Keral fit un pas de côté tout en se baissant avec sa lame prête à arrêter n’importe quel coup de dernière minute. Le lycan avait bien planifié son coup et utilisa l’arbre sur lequel il fonçait pour se propulser vers le ranger. Keral ne fit qu’une roulade arrière sans regarder derrière lui, il savait parfaitement où se trouvait l’ennemi avec tout les grondements de bête. La créature manqua de nouveau, mais cette fois-ci l’elf ne donna pas de troisième chance au lycan. Il enchaîna une série d’attaques à la poitrine et aux jambes de la bête. Celle-ci bloquait les coups, mais se faisait lacérer les bras. Pour tout finir, Keral leva sa lame au dessus de sa tête, le lycan leva ses mains pour bloquer le coup. La feinte ne se vit qu’à la dernière seconde au moment où Keral transperça le cœur de la créature. Elle s’effondra avec un regard d’horreur et de surprise. Keral remarqua à ce moment qu’il s’était fait éraflé l’avant bras gauche durant le combat. Il prit un foulard dans son sac et le serra autour de la blessure.
La journée était presque fini, mais il ne savait pas où aller. Il se rappela des paroles du vieux sage du village. Il prit la carcasse du lycan et lui trancha la tête, il laissa le corps pour les animaux de la forêt et aiguisa une branche aux deux bouts. Il planta la tête au milieu d’un feu sur lequel il saupoudra des herbes. Il s’assit et médita pendant presque une heure. Avant de partir il demanda à Veltanus où il devait aller. C’est à ce moment que la direction du vent changea, le vent allait vers la mer, vers la Tour.
Lun 29 Jan - 21:28
